Alexis

Un jeune homme sur une pointe effilée

Comment dire, c’était même trop facile, 7 longueurs de cordes dans du 3, du  4 et un pas de 5. On se disait, on va y passer du temps. Et non, nous avons grimpé à notre rythme, Alexis au milieu de nous, grimpeur parmi les autres. Décontracté et concentré, bien préparé physiquement, heureux, généreux, l’Alexis sympa que tout le monde aimerait avoir comme papy, comme ami, comme collègue, comme voisin et comme adhérent. Et nous l’avons au CAF de Crest.

Oh oui, il y a d’autres papy, amis et adhérents avec toutes ces qualités, et il y en a beaucoup dans notre club. Mais Alexis fête cette année ses 80 ans, et c’est un jeunot de la montagne, venu sur le tard, le très tard. Alors chapeau !

Reprenons le déroulement de ces derniers jours jusqu’au sommet de la Dibona.

Mardi 21, nous partons à 6, direction le refuge du Soreiller. Beau temps, ambiance gaie, sacs lourds, prés en fleurs, météo incertaine.

Alexis lance le tempo, moins de 3 heures pour faire les 1100m de dénivelés. Il y a un groupe d’anciens, le notre, et plein de jeunes affûtés pour escalader toutes les dizaines de voies autour du refuge. Le Soreiller, c’est un peu la Mecque de la grimpe.

Dimanche 26, Alexis, les deux Henri (Poizat et Philipson), Robert, Edith et moi-même sont à nouveau au refuge du Soreiller. Les gardiennes sont ravies, leurs tartes sont toujours aussi bonnes (un peu mieux que le repas du soir assez bof !). Départ à 8h pour grimper dans un rocher ensoleillé. La voie du nain nous attend, les costauds et costaudes s’envolent vers d’autres longueurs plus techniques. On va presque se cacher au bout de la face est de la Dibona, pas d’exhibition au dessus du refuge, dans ces failles et ces dalles verticales de plus de 10 longueurs. Les 5c, 6a et plus, ce n’est pas nous, enfin pas pour les quatre qui seront encordés en bout.

Cette fois ci, Robert attaque en premier, Alexis le rejoint facilement suivi de près par Henri Poizat.

Le petit pas de 5 nécessite de l’attention, et Alexis s’aide un peu de la corde. Ce sera la seule fois.

Incroyable, il y a un nain de jardin dans une anfractuosité de la roche, pile au 3° relais.
... enfin, presque... il y a du gaz de partout, et le sommet contient 4/5 grimpeurs au plus...
Les deux dernières longueurs sont dans la voie normale, faciles...

Nous l’avons fait, Alexis y est encore, nous avons tous la banane.

Alexis, 80 ans, est un de nos compagnons, normal, au même niveau que nous, mais sans la bouteille ce coup ci…faut dire qu’il nous l’avait offerte hier soir au refuge, et il va nous offrir la bière au retour à ce même refuge. La descente à la voiture dans la fournaise de l’été enfin là sera une formalité.

Alexis, mais où mets-tu toute cette énergie ?

Texte : Michel / Photos : Robert, Henri
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Un couple très sympa d'allemands sortant de la voie Madier attend sagement que nous fassions nos allers et retours et nos manoeuvres de cordes pour installer le rappel.
Il fait beau, il fait chaud, le cirque des falaises et des Ecrins est grandiose. On se fait la traditionnelle bise.

Patatras. A l’heure du réveil, cela fait des heures qu’il pleut, il tonne même. Et les prévisions ne sont pas bonnes. Nous avions réservé deux nuits, dont une pour nous reposer après la Dibona, mais nous renonçons, les charmantes gardiennes compréhensives nous disent, « à bientôt j’espère… »

Les deux cordées se suivent....

Devant, ils vont tellement vite qu'ils ne voient pas le seul nain de la face !

Vendredi 24, nous n'allons pas rester toute cette semaine avec nos baudriers et cordes bien rangées et nos têtes prêtes à en découdre avec le rocher. Direction l'arête du Gerbier, à 4. La météo annonce grand beau. Et ceux qui connaissent bien le Vercors savent qu'après la douche, la vapeur a du mal à se dissiper. Et Alexis le sait. Pourtant, nous partons du parking des Glovettes en tenues légéres. 2h plus tard, toutes les arêtes sont dans les nuages, balayées par un bon vent du Nord, bien froid !
L'équipement de base est shorty, petit coupe de vent et une bouteille de rouge dans un sac (celui d'Alexis !). On cherche la voie, et Edith, comme d'hab, la trouve, Le pilier Martin nous cueille à froid, pas trop le temps de regarder l'ail sauvage qui nous entoure. Les premiers pas sont difficiles, les prises sont gelées, les mains aussi, les pieds comprimés dans les chaussons. Edith m'emmène rapidement dans les 4 longueurs, je suis comme je peux, j'ai enfilé les gants légers, coincé des chaussettes dans les chaussons. Robert et Alexis sont derrière, nous les perdons dans le coton et le vent qui emporte nos appels.
Ils arrivent 1h après nous, sous la crête. Alexis tremble de froid, le rouge est à bonne température. S'ensuivent le reste de l'arête et une danse sur le fil de cette arête. Cordes tendues, cordes trop courtes, rallongées, deux cordes de 8 pour eux, une de 10 pour nous. Edith suit Alexis, Robert glisse en enlève un peu de vernis sur ses beaux mollets. Ça passe, les nuages se déchirent, nous apercevons St Paul de Varces en contrebas.

Un rappel, une longue glissade vers le chemin du bas, et un grand bravo à Alexis qui se réchauffe à la vue d'une marmotte qui traverse tranquillement devant deux magnifiques bouquetins

Le soleil est de retour. Trop tard !